(Corse) Jean-Claude Rogliano, l’âme de la Castagniccia

Rencontre en Corse

 

Jean-Claude Rogliano, l’âme de la Castagniccia

Par Sylvia Cagninacci

Jean-Claude Rogliano est un écrivain régionaliste et réalisateur de films documentaires français né en 1942 à Bastia. Il prend position pour dénoncer le racisme anti-corse. Il a écrit beaucoup de livres dont son plus grand roman Mal’concilio. 

Un châtaignier nommé Mal’Concilio

Au coeur des années 70, Jean-Claude Rogliano après plusieurs refus, publie son premier roman. L’histoire se passe en Castagniccia. Il y est question d’amour entre une jeune villageoise et un être à part appelé » le fou », de « mazzeri », ces hommes qui prédisent la mort dans les rêves et d’un châtaignier vieux de plusieurs centaines d’années aux racines tentaculaires, au tronc creux et aux étranges verrues de bois.

L’auteur a eu raison d’insister. Et la maison de la culture corse a eu du nez ! Mal’ Concilio est aujourd’hui un livre culte. Il est étudié en classe et a inspiré une chanson au groupe Canta U populu corsu ainsi qu’une danse à Marie-Claude Pietragalla. C’est le livre corse le plus lu !  Mal’ Concilio est un petit bijou de poésie et de tradition insulaire, un récit authentique qui raconte l’âme d’un peuple. C’est aussi un petit miracle aux dires de son auteur.

Grâce à son roman, Jean-Claude devient un documentariste engagé auprès de Pierre Dumayet, pour qui il réalise une série de films sur la Corse et ses traditions. Le voilà lancé.

Un miracle, dit-il ?

Pas vraiment. Jean-Claude a la Corse chevillée au corps et porte en lui l’histoire de Mal’Concilio depuis toujours. C’est celle de sa vie.

Né à Carcheto en Castagniccia, il découvre à huit ans les Tours de Tèvola, un ensemble de bâtisses du XIIIe siècle, à vocation militaire défensive. Les ruines de la chapelle et des hautes maisons situées à quelques centaines de mètres du village deviendront le décor du roman. La petite fille qui l’accompagne dans ses ballades et dont il tombe amoureux lui inspirera son héroïne. Quand au bandit de l’histoire, il doit beaucoup au « bandit d’horreur », comme on appelait celui qui dans les années 20 avait trouvé refuge dans le hameau depuis longtemps abandonné. Le vieux châtaignier existe, lui aussi, et les récits que lui a transmis son père ont nourri son imagination fertile.

Accueillir et raconter des histoires de mazzeri*

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En 76, l’enfant du village, achète avec Danielle son épouse les Tours de Tèvola. Le poète se fait architecte, maçon. Il y construit d’abord sa maison avant de s’attaquer aux autres constructions qu’il rénove pour en faire des gîtes.

Aujourd’hui, a près de 80 ans, Jean-Claude n’a rien perdu de sa verve de conteur. Il aime parler de la complicité qu’entretiennent les arbres et les hommes et bien sûr des « mazzeri » et des phénomènes surnaturels qui les entourent. Lui-même a été témoin de choses étranges et côtoie les fantômes sans appréhension, en bonne intelligence. On peut rester septique. Mais une magie opère aux Tours de Tavela. Celle qui unit ce lieu et cet homme de façon si intime.

Une histoire ou chacun habite l’autre. A eux deux, ils incarnent l’âme corse.

* Le mazzérisme est une croyance corse en un don de prophétie funèbre accompli en rêve par des individus liés à la communauté. Au cours de cette activité, le corps spectral du mazzeru part chasser et tuer des animaux. On le surnomme « Le Chasseur d’âmes » ou encore « Le Messager de la Mort ».

Et

 

 

Jean-Claude vous accueille chez lui à Carcheto 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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